Comment déguster et apprécier les vins vieux ?



Le millésime d’une cuvée évoquera souvent une naissance ou une rencontre. Un moment fort célébré par le vin qui offre alors un voyage dans le temps

Pour l’amateur éclairé comme pour le dégustateur en devenir, ouvrir une bouteille de vin est toujours une excellente idée. Une fois passé le cérémonial de l’ouverture de la bouteille et de l’apparition du divin breuvage dans les verres, l’âge du vin se révèle à l’œil : robe éclatante pour un vin jeune, pigmentation plus ou moins fanée pour un vin évolué.

Soulignons déjà la coquetterie du jus de la treille qui refuse, dans son jargon, le terme de vieillesse pour lui préférer la maturité ou l’évolution. Ainsi le vin ne connaîtrait pas la déchéance de l’âge mais toujours un progressif développement vers un breuvage de plus en plus complexe et doux.

Chez Gegeor, nous ne voyons pas les choses aussi simplement.

Nous pensons que, souvent, tout est une affaire de contexte. Qui pourra reprocher à ce couple de savourer amoureusement un vin de 30 ans, de l’année de leur rencontre et d’en apprécier le voyage dans le temps ? Alors que la même cuvée dégustée par un autre serait reléguée sans ménagement dans la catégorie des vins trop vieux.

Ou encore, cette bouteille patiemment conservée par un collectionneur, presque admirée mais surtout (et malheureusement) effrayante au point de ne jamais oser l’ouvrir sera oubliée par cet amateur craintif, alors qu’un autre dans la même situation et avec la même bouteille, n’attendant pas l’occasion idéale mais la provoquant (à l’encontre des préceptes ou des guides conseillant 10 à 15 ans de garde) s’offre un moment de partage et de bonheur.

Nous pensons donc que le meilleur moment pour déguster un vin est l’exact moment de notre envie d’ouvrir la bouteille.

Le propre d’un grand vin est d’être bon à tout âge : jeune, il se révèle tout en faisant ressentir son potentiel ; évolué, il aura acquis la complexité de l’âge mûr en gardant une trace de la fougue de sa jeunesse. Pour l’illustrer, citons Victor Hugo : « L’un des privilèges de la vieillesse est d’avoir, outre son âge, tous les âges ».

Article de Julien, caviste chez Gegeor.